Generated Photos : quand la réalité devient virtuelle ou vice-versa

Generated Photos : quand la réalité devient virtuelle ou vice-versa

Generated photos

La start-up californienne Generated Media commercialise désormais des portraits de personnes… qui n’existent pas. Oui, vous avez bien lu. Il s’agit de visages totalement virtuels, imaginés grâce à la technologie d’intelligence artificielle GAN (Generative Adversarial Networks). Un projet innovant qui laisse entrevoir de nouvelles possibilités de communication graphique. A condition de bien les encadrer...

Un front haut, un menton rond, des cheveux frisés, le teint mat, les yeux bleus… C’est à partir d’une combinaison d’images réelles que le générateur de Generated Photos compose des portraits inédits en tenant compte de multiples paramètres visuels.

Chaque portrait est aléatoirement généré. Puis il est soumis à un « discriminateur » qui contrôle son caractère vraisemblable en le comparant à ceux enregistrés dans une base de données de visages déjà validés. Au fur et à mesure, la base de données s’auto-alimente des portraits acceptés. Pour chaque visage proposé, un feedback de réussite ou d’échec est renvoyé au générateur. Il affine ainsi ses paramètres pour créer les meilleures combinaisons possibles. Ce processus d’apprentissage est caractéristique des systèmes d’intelligence artificielle.

100K faces project

Le travail de la start-up a permis de stocker 100 000 visages réalistes en deux ans. Cette première base de données a été constituée à partir de 29 000 photos réelles de 69 modèles.

Un nouveau pas vient d’être franchi dans le développement de la start-up puisque ses photos sont à disposition sur une plateforme accessible à partir de son site internet Generated.photos. La licence est gratuite pour un usage non-commercial et les photos ne font l’objet d’aucun droit à l’image. Chabots, publicité, prototypage, protection de l’anonymat… les premiers usages suggérés sont multiples. Avec un tarif beaucoup plus attractif, l’offre concurrence celle des banques d’images réelles. Les photos sont souvent encore loin de l’expressivité d’une photo réelle. Mais les progrès escomptés pourraient progressivement estomper les différences. L’entreprise cherche à tisser des partenariats avec des entrepreneurs, chercheurs, artistes, graphistes, enseignants, experts en IA pour développer les possibilités et les usages de son système.

Une utilisation à encadrer

Mais derrière cette avancée technologique, les risques d’abus et de désinformation existent et sont déjà présents dans le débat américain. Fin décembre par exemple, un article du New-York Times informait de la fermeture par Facebook d’un réseau à caractère politique de 610 faux comptes avec des photos « générées ».

Au-delà des portraits, ce système laisse entrevoir de nouvelles possibilités de création faciles de contenus totalement fictifs intégrant des personnes, des animaux ou des objets. Après la photo, l’étape suivante sera celle de l’animation et de la vidéo. C’est d’ailleurs l’un des arguments commerciaux de la jeune pousse : transformer le modèle économique de la création de contenu photo et vidéo. « Avec les médias génératifs, une seule personne peut créer un film entier en restant simplement devant son ordinateur », affirme la start-up. Mais nous n’en sommes (heureusement) pas encore là.

Les possibilités du numérique se renforcent chaque jour grâce à l’intelligence artificielle. Encore de nouveaux outils qui devront faire l’objet de réglementations précises afin de clairement identifier le réel du virtuel et de définir les droits de publication associés au vrai et au faux.

De façon connexe, à découvrir également le travail exploratoire de la canadienne Ulric Collette : http://www.geneticportraits.ca/

 

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